L’employeur est dans l’obligation de fournir à ses salariés des conditions de travail décentes. Mais au-delà de ce terme de « décence », ce sont bien des conditions de travail épanouissantes, contribuant au bien être physique et mental qui génèrent une meilleure productivité des salariés. De nombreux paramètres entrent en compte : pénibilité du travail, accidents et maladies professionnelles, hygiène et sécurité, exposition à des produits toxiques…Mais il en est d’autres moins visibles physiquement, qui ont un impact certain sur le bien être mental. Nous avons choisi dans cet article de mettre en lumière trois phénomènes : le harcèlement moral, le stress et le travail de nuit.
Le harcèlement moral, qu’est-ce que c’est ?
Le harcèlement moral est une conduite qui a pour objet ou pour effet de détériorer les conditions de travail d’un salarié. Ces conditions sont ensuite susceptibles de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Manifestations du harcèlement moral
Le harcèlement moral se manifeste sous différentes formes comme :
- Un refus de communication ;
- L’absence de consignes ou la communication de consignes contradictoires ;
- La privation de travail qui se traduit par une mise au placard ou, à l’inverse, un surcroit de travail ;
- La réalisation de tâches dépourvues de sens ;
- Des conditions de travail dégradantes ;
- Des critiques incessantes, des brimades et des humiliations ;
- Des insultes, des menaces et des propos calomnieux…
L’absence de soutien des collègues ou de la hiérarchie est un facteur aggravant.
Conséquences du harcèlement moral
Ces conditions de travail dégradantes vont provoquer plusieurs symptômes de stress chez les salariés. Nervosité, anxiété, irritabilité, trouble du sommeil…sont autant de phénomènes observables chez les salariés harcelés. En quelques mois, des troubles psychiques se manifestent, provoquant un épuisement, une fatigue chronique, une baisse de l’estime de soi, des troubles de l’attention et de la mémoire, un sentiment de découragement, de culpabilité, une vague de pessimisme, une dépression voire un burn-out, ou, dans les cas extremes, un suicide.
Du côté de l’entreprise, le harcèlement moral se traduit par de l’absentéisme, une baisse de la productivité, des difficultés à prendre des initiatives ou des décisions. In fine, c’est tout le climat social qui peut être mis à mal et se détériorer.
Le stress au travail, de quoi parle-t-on ?
Le stress est la réaction que produit notre corps face aux difficultés qui se présentent. Cette réaction n’est pas la même chez tous les individus et constitue dans certains cas une force procurant de l’énergie et de la motivation nécessaire pour atteindre nos objectifs. Toutefois, quand un individu a le sentiment qu’il n’est pas capable de faire face à une situation, le stress provoqué devient contreproductif.
Quels sont les facteurs engendrant un stress au travail ?
Les facteurs provoquant un stress au travail sont de plusieurs natures :
- Liés à la tâche, c’est-à-dire au contenu du travail à effectuer : volume de travail trop important, fortes exigences, risques inhérents à l’exécution de la tâche… ;
- Liés à l’organisation du travail : absence de contrôle sur la répartition et la planification des tâches, imprécision des missions, contradictions entre les exigences, horaires inadaptés… ;
- Facteurs psychosociaux liés aux relations de travail : manque d’aide de la part des collègues, management peu participatif, absence de reconnaissance du travail ;
- Facteurs liés à l’environnement : nuisance physique, mauvaise conception des lieux, santé économique de l’entreprise fragile…
Quelle est la réaction de l’organisme ?
Face à ces situations de stress, l’organisme va :
- Produire une réaction d’alarme provoquée par les hormones : augmentation de la fréquence cardiaque, tension artérielle…
- Résister : si la situation stressante persiste, de nouvelles hormones vont être libérées pour augmenter le taux de sucre dans le sang et apporter l’énergie nécessaire ;
- S’épuiser : si la situation stressante se prolonge encore ou s’intensifie, les capacités de l’organisme peuvent être débordées, et submergées d’hormones activatrices pouvant nuire à la santé.
Quelles sont les conséquences sur la santé du salarié ?
Les conséquences du stress sur la santé du salarié sont de plusieurs ordres :
- Symptômes physiques : douleurs (maux de tête, douleurs musculaires…), trouble du sommeil, manque d’appétit, sensation d’essoufflement… ;
- Symptômes émotionnels : sensibilité et nervosité accrue, crise de larme ou d’angoisse, tristesse, mal-être ;
- Conséquences intellectuelles : problème de concentration entrainant erreurs et oublis, difficultés à prendre des initiatives ou des décisions ;
- Impact sur le comportement : agressivité, attitude violente, isolement social…
Comment lutter contre le stress et le harcèlement moral ?
Il appartient au chef d’établissement de prendre toutes les mesures nécessaires à la prévention du harcèlement moral et du stress au travail. Il peut par exemple revoir le style de gestion du personnel ainsi que l’organisation du travail et la conception des taches. Il doit également promouvoir la communication et le dialogue dans les équipes, et notamment informer le personnel, les collaborateurs comme les manageurs, des conséquences du stress et du harcèlement. Enfin, il doit mettre en place des structures de concertation.
En outre, il appartient à toute l’organisation, à tous les salariés de déceler les prémisses de harcèlement mais l’encadrement a un rôle accru à jouer : il doit être capable de gérer les conflits pouvant survenir dans les équipes.
Le travail de nuit, qu’est-ce que c’est ?
Le travail de nuit est celui effectué pendant 9 heures consécutives comprises entre 21h et 7h, et incluant l’intervalle entre minuit et 5h. Autre précision : est considéré comme travailleur de nuit une personne qui effectue au moins 3 heures de travail quotidien au moins deux fois par semaine, ou qui accomplit un nombre minimum d’heures de travail de nuit pendant une période de référence fixée par accord ou convention collective.
Le recours au travail de nuit doit :
- Être exceptionnel ;
- Être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité ;
- Prendre en compte les impératifs de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ;
En contrepartie du travail de nuit, le salarié doit bénéficier d’un repos compensateur, assorti d’une majoration de la rémunération. Ces mesures sont destinées à améliorer les conditions de travail, à faciliter l’articulation du travail de nuit avec les contraintes familiales et sociales, et enfin à organiser les temps de pause.
La surveillance médicale sur un tel type de poste est particulière : un rendez-vous avec le médecin du travail a lieu avant l’affectation du salarié, puis au moins tous les 6 mois, et n’importe quand, à la demande du salarié. Le médecin doit établir une fiche d’aptitude compatible avec le travail de nuit, et peut éventuellement prescrire des examens complémentaires. Il informe les salariés des incidences potentielles du travail de nuit sur sa santé et le conseille sur les précautions à prendre.
Pour les salariés venant d’accoucher, des mesures particulières doivent être prises. En outre, les elles peuvent être affectées à un poste de jour à leur demande ou à celle du médecin.