Réaliser des prévisions de trésorerie

Dernière mise à jour le 6 juin 2023

Réaliser des prévisions de trésorerie est essentiel pour chaque entreprise. Cet exercice leur permet d’anticiper les risques de défaillance de paiement mais aussi de placer la trésorerie excédentaire. Réalisées au moins une fois par an et réactualisées régulièrement, les prévisions sont établies à partir du compte de résultat prévisionnel et par conséquent du budget des charges et des produits. Elles indiquent mois par mois les encaissements et les décaissements, dont la différence permet d’obtenir le solde de trésorerie, qui doit être positif.

Comment réaliser des prévisions de trésorerie ?

Les encaissements

Les encaissements sont :

  • Le chiffre d’affaires prévisionnel TTC ;
  • Les subventions reçus ;
  • Les prêts obtenus ;
  • Les apports en capital (capital initial et augmentation de capital) ;
  • Les apports en compte courant ;
  • Les remboursements de crédit d’impôt, y compris les remboursements de crédit de TVA ;
  • Les produits financiers et exceptionnels.

La difficulté réside en :

  1. Estimer les montants ;
  2. Déterminer les dates d’encaissement (à partir notamment des délais négociés avec les clients, des dates fixées par la banque et par les associés ainsi que de celles prévues par l’administration fiscale)
Encaissements vs produits
Il faut bien distinguer les encaissements des produits. Les encaissements sont les entrées d’argent, les produits sont les revenus de l’entreprise. Certains produits ne sont par exemple par encaissables, et certains encaissements ne sont pas des produits. Par exemple :

  • Les remboursements de crédit de TVA sont des encaissements, mais pas des produits ;
  • Les reprises de provision sont des produits, mais pas des encaissements
 

Les décaissements

Les décaissements sont la plupart du temps constitués :

  • Des achats de matière première ou de marchandises TTC ;
  • Des autres charges TTC (loyers et charges locatives, entretien et réparation, honoraires, assurance…)
  • Des salaires et charges sociales ;
  • Des charges financières et exceptionnelles ;
  • Des investissements TTC (c’est-à-dire des immobilisations TCC) ;
  • Des impôts et des taxes ;
  • Des remboursements d’emprunt ;
  • Des réductions de capital ;
  • Des remboursements d’apports en compte courant ;
  • Du paiement des dividendes.

Encore une fois, les difficultés sont les mêmes :

  1. Estimer les montants ;
  2. Déterminer les dates de décaissement :
    • A partir des délais négociés avec les fournisseurs (la LME prévoit un délai maximum de 45 jours fin de mois ou 60 jours date de facture pour les transactions en France) ;
    • Des modalités de remboursement fixées par la banque dans son échéancier de règlement ;
    • Des dates de paiement de la TVA, en fonction du régime choisi par l’entreprise (régime réel simplifié ou normal) ;
    • Des autres dates de paiement des taxes, impôts et charges sociales.
Décaissements vs charges
Il faut bien distinguer les décaissements des charges. Les décaissements sont les sorties d’argent, les charges viennent baisser le résultat de l’entreprise. Certaines charges ne sont par exemple par décaissables, et certains décaissements ne sont pas des charges. Par exemple :

  • Le paiement de la TVA (TVA collectée – TVA déductible) n’est pas une charge mais est un décaissement ;
  • Les provisions sont des charges, mais n’engendrent pas de décaissements.
 

A partir du compte de résultat prévisionnel

La réalisation des prévisions de trésorerie se fait à partir du compte de résultat prévisionnel et donc du budget du chiffre d’affaires et des charges. Il faudra à partir de ces éléments :

  • Recalculer les montants TTC : ce sont les montants à faire apparaître au niveau de la trésorerie. A l’inverse, les montants qui figurent dans le compte de résultat sont hors taxes. Afin d’affiner les éléments, il pourra être intéressant, si l’entreprise est déjà créée, de partir du bilan et du montant des créances dues pour calculer les encaissements des premiers mois. De la même façon, les dettes peuvent servir à calculer les décaissements ;
  • Déterminer le moment où le chiffre d’affaires sera encaissé et les charges décaissées. Il existe un décalage entre le moment de la comptabilisation et le moment du paiement en raison des délais de paiement des fournisseurs et des délais de règlement des clients. De même, certaines taxes et impôts sont payés trimestriellement, semestriellement ou annuellement ;
  • Rajouter tous les mouvements financiers n’ayant pas d’impact sur le résultat. Il s’agit par exemple du remboursement des emprunts (seuls les intérêts sont comptabilisés en charges) ou du paiement de la TVA (il résulte en un décaissement mais ne figure pas dans les charges) ;
  • Ne pas y faire figurer les charges non décaissables et les produits non encaissables.

Les outils à disposition

Excel reste un outil de prédilection afin de réaliser des prévisions de trésorerie, avec ce qu’il comporte en termes d’avantages et d’inconvénients. Il est ainsi relativement simple d’utilisation, peu coûteux, mais peut être source d’erreurs. D’autres entreprises choisissent d’investir dans des logiciels dédiés de gestion de trésorerie.

Qui réalise les prévisions de trésorerie ?

Les prévisions de trésorerie, au sein des grosses entreprises, sont souvent établies par le trésorier, puis validées par le directeur financier. Toutefois, les données reposent sur les inputs d’un certain nombre de départements, par exemple du service commercial pour les prévisions de vente.

Dans les entreprises plus petites, les prévisions peuvent être directement réalisées par la personne qui s’occupe de la fonction finance ou le dirigeant lui-même.

Quand réaliser des prévisions de trésorerie ?

Les prévisions de trésorerie doivent être réalisées annuellement, en même temps que la construction du budget, puis doivent être réactualisées régulièrement (dans l’idéal tous les mois ou tous les trimestres).

Leur réalisation est également nécessaire pour les entreprises en cours de création, afin d’établir un plan de trésorerie prévisionnel. Il s’agit d’un document qui compose le business plan et qui sera étudié par les différents investisseurs, notamment le banquier s’il lui est demandé un prêt bancaire.

Pourquoi réaliser des prévisions de trésorerie ?

Réaliser des prévisions de trésorerie est essentiel afin d’anticiper les situations d’insuffisance et d’excédent de trésorerie. Elles permettent de valider la bonne santé financière de l’entreprise et de :

  • Vérifier que l’entreprise sera en mesure de faire face aux décaissements programmés, notamment lorsque ceux-ci sont conséquents. C’est généralement le cas pour les paiements qui tombent à échéance fixe (les salaires en fin de mois, les règlements de TVA, le paiement des charges sociales…) ;
  • Appréhender la capacité de l’entreprise à se développer, et déterminer de quelle façon elle pourra financer son développement ;
  • Veiller à ce que le solde soit toujours positif, même en cas d’activité saisonnière et de périodes moins intenses que d’autres.

Que faire en cas de solde de trésorerie négatif ?

En cas de solde négatif, l’entreprise devra trouver des solutions de financement afin d’éviter d’être en insuffisance, ce qui conduirait à ne pas pouvoir payer ses charges. Elle devra comprendre d’où viennent les gros décaissements, et déterminer s’il est possible de les diminuer ou de les décaler.

Les solutions de financement à court terme

Si, dans son prévisionnel de trésorerie, l’entreprise se retrouve avec un solde négatif sur un ou plusieurs mois, elle devra trouver des solutions de financement pour éviter au maximum cette situation qui pourrait conduire à une cessation de paiement. Elle pourra alors :

  • Obtenir auprès de sa banque un crédit de trésorerie, qui est une solution de financement à court terme souvent assez coûteuse. Il en existe trois grands types :
    • Le découvert autorisé : son montant doit uniquement permettre de couvrir les décalages de trésorerie. Aucune banque n’acceptera d’octroyer un découvert si la structure financière de l’entreprise n’est pas seine. A noter que l’on distingue le découvert autorisé de celui non autorisé. Dans ce dernier cas, les frais sont bien plus élevés, et les opérations peuvent être rejetées ;
    • La facilité de caisse : il s’agit d’une tolérance ponctuelle de la banque. Elle autorise l’entreprise à avoir un compte débiteur au maximum 15 jours par mois.
    • Le crédit de campagne : le découvert est alors autorisé pour financer une activité saisonnière, avec des décaissements toute l’année mais des encaissements condensés sur quelques mois.
  • Mettre ses créances en affacturage, dailly ou escompte. C’est ce qu’on appelle des crédits de mobilisation de créances : ces dernières sont revendues à un tiers en échange de son paiement anticipé, et moyennant une commission. En clair, les créances sont payées plus rapidement à l’entreprise (sous quelques jours au lieu d’en moyenne une cinquantaine), mais pour un montant plus faible ;
  • Demander des délais de paiement exceptionnellement plus longs aux fournisseurs. Certaines sorties d’argent peuvent difficilement être retardées, comme le paiement des salaires. D’autres peuvent faire l’objet de demandes exceptionnelles, notamment avec l’administration fiscale. Il faut toutefois dans ce cas être proactif et agir immédiatement plutôt que de payer les impôts et les taxes avec du retard, faute de quoi des pénalités seraient applicables ;
  • Réduire le délai de paiement clients, si ceux-ci sont évidemment d’accord ;
  • Mettre en place une procédure de recouvrement des factures impayées afin d’accélérer les entrées d’argent dès qu’un client ne paye pas dans les temps.

Les solutions de financement à long terme

Afin de financer ses investissements à long terme, l’entreprise devra :

  • Avoir recourt à un prêt bancaire ou demander un crédit-bail ;
  • Décaler un investissement ;
  • Demander à ses associés de réaliser un apport en compte courant ;
  • Augmenter ses capitaux propres :
    • Mettre son résultat en réserve et ne pas verser de dividendes aux actionnaires ;
    • Réaliser une augmentation de capital.

Financement long terme ou court terme

Il est essentiel de respecter un équilibre financier fondamental :

  • Les ressources à court terme doivent financer les besoins à court terme (le découvert éventuel et les dettes fournisseurs doivent financer le stock et les créances) ;
  • Les ressources à long terme doivent financer les besoins à long terme (les capitaux propres et les emprunts doivent financer les immobilisations).

Exemple de tableau de trésorerie

 JanvierFévrierMars
Solde initial (1)   
Produits d’exploitation encaissés   
Produits exceptionnels encaissés
Produits financiers
Subventions reçues
Augmentation de capital   
Nouveaux emprunts   
Apports en compte courant   
Remboursement de crédits d’impôts (yc TVA)   
Total encaissements (2)   
Achats de matières premières   
Fournitures administratives   
Loyers et charges locatives   
Frais de déplacement   
Intérêts et frais bancaires   
Assurances   
Frais de télécommunications   
Publicité   
Salaires et charges sociales   
Nouveaux investissements   
Remboursement d’emprunts   
Impôts et taxes (dont TVA)   
Total décaissements (3)   
Solde final (1) + (2) – (3)   
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