Dernière mise à jour le 24 juin 2020
La consommation de produits bio a explosé ces dernières années… et le nombre de magasins bio a fait de même. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faille ouvrir n’importe quel magasin bio à n’importe quel endroit et n’importe comment ! Il est nécessaire de bien réfléchir au projet, notamment en réalisant une étude de marché et un business plan. Tous les aspects financiers de l’entreprise seront traités dans ce document. Il faudra aussi réaliser les formalités juridiques liées au choix de la forme (EURL, SARL, SAS…), agencer correctement le magasin et trouver les bons fournisseurs. Enfin, se pose la question de la franchise : faut-il mieux ouvrir en indépendant ou avec l’appui d’un réseau ?
Première étape : l’étude de marché
L’étude de marché est l’étape indispensable pour se lancer dans la création d’un magasin bio. Il faut en effet prendre en compte un critère primordial : la zone de chalandise. Y a-t-il des concurrents directs dans la même zone ? Si c’est le cas, répondent-ils entièrement à la demande des clients, tant au niveau du prix des produits que de la qualité et du nombre de références ?
A noter que les concurrents peuvent être indirects : épicerie et magasin coopératif, AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), grandes et moyennes surfaces proposant des produits bio.
L’autre critère principal lié est la zone de chalandise est le pouvoir d’achat des habitants. En effet, les produits bio sont vendus entre 1 à 2 fois plus chers que les produits classiques. Les clients susceptibles de venir faire leurs courses dans le magasin auront-ils le pouvoir d’achat suffisant ?
Rédiger un business plan avant d’ouvrir un magasin bio
Après l’étude de marché, le business plan est la deuxième étape indispensable pour créer un magasin bio. Il fera apparaître :
- Un compte de résultat prévisionnel ;
- Un bilan prévisionnel ;
- Le tableau de financement initial ;
- Le plan de trésorerie prévisionnel mois par mois pour la première année d’activité.
Afin de réaliser tous ces tableaux financiers, il faudra d’abord estimer le chiffre d’affaires en décomposant le panier moyen des clients. Le taux de marge dans le bio est en général un peu plus élevé que dans le secteur traditionnel (environ 35%). Il faudra ensuite prendre en compte les charges fixes (loyer, frais de personnel, impôts et taxes…).
Les principaux frais de création sont l’achat du fonds de commerce (entre 25% à 55% du chiffre d’affaires annuel) ou le droit au bail ainsi que l’agencement du magasin. Il faudra ensuite constituer le stock de départ et faire connaitre le magasin avec de la publicité au démarrage.
Les formalités juridiques pour ouvrir un magasin bio
Le choix de la forme juridique
Etant donné que l’ouverture d’un magasin bio nécessite des fonds relativement importants, il est plus que conseillé d’ouvrir en tant que société et non en tant qu’entreprise. En effet, une entreprise est une forme juridique dans laquelle le patrimoine de l’entreprise et le patrimoine de l’entrepreneur sont confondus. C’est le cas par exemple en auto-entreprise ou en entreprise individuelle.
En société, les deux sont distincts. C’est le cas par exemple de l’EURL, de la SARL, de la SAS, de la SASU…Le choix définitif de la forme dépendra de la volonté ou non de s’associer. Si l’entrepreneur souhaite être l’associé principal, il devra se tourner vers l’EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) ou vers la SASU (société anonyme à actions simplifiée).
Le choix aura également un impact sur le statut de l’entrepreneur : assimilé salarié ou travailleur non salarié.
Les formalités de création
Les formalités de création d’une société sont les suivantes :
- Rédaction des statuts de la société. C’est ce document qui va indiquer entre autres ce que la société peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire ;
- Ouvrir un compte bancaire propre à la société ;
- Compléter l’imprimé M0 ;
- Rédiger et publier un avis de constitution dans un journal d’annonces légales ;
- Etablir un état des actes accomplis pour le compte de la société en formation ;
- Réaliser une demande d’ACCRE si le créateur peut en bénéficier ;
- Fournir un justificatif de domiciliation de la société ;
- Transmettre une copie de la pièce d’identité du ou des associés, une attestation de filiation et une attestation de non condamnation.
Le ou les associés devront définir les apports de chacun permettant de constituer le capital. Ils devront également choisir un gérant.
Agencer le magasin bio
Une fois la zone de chalandise définie, il faudra trouver le magasin adéquat. Il doit avoir une surface convenable pour pouvoir proposer à la vente toutes les références souhaitées. Il doit également disposer d’un espace de stockage suffisant.
Son agencement doit permettre de proposer plusieurs espaces différents :
- Fruits et légumes, c’est ce que viennent chercher en priorité les clients d’un magasin bio ;
- Produits frais : produits laitiers, viandes…le magasin doit avoir un espace réfrigéré ;
- Conserves, pâtes et autres produits emballés ;
- Vrac : de nombreux consommateurs recherchent particulièrement des produits en vrac dans un magasin bio (graines, céréales, pâtes) ;
- Produits non alimentaires : produits d’entretien, couches…
Trouver les fournisseurs du magasin bio
Trouver des fournisseurs de produits biologiques nécessite la rédaction d’un cahier des charges. Il peut être possible de se limiter à des fournisseurs bio, c’est-à-dire qui ont le label. Il est sinon possible d’aller sur place, chez l’agriculteur ou chez le fabricant, pour le rencontrer et apprécier sa conception d’une agriculture raisonnée. Les conditions et techniques de production pour obtenir le label bio sont déjà normalement vérifiées par les pouvoirs publics.
Autre possibilité : passer par un grossiste bio pour élargir sa gamme de produits.
Ouvrir un magasin bio en franchise
De nombreux magasins bio s’ouvrent en franchise. Les leaders du marché sont Naturalia, Biocoop et La Vie Claire. On trouve aussi d’autres réseaux comme Bio C’Bon, le Grand Panier Bio ou Biomonde. L’avantage principal, plus que la notoriété du réseau, est l’appui lors du démarrage mais également tout au long de la vie de l’entreprise. La notoriété vient en seconde position car l’apposition du logo bio, contrôlé par les pouvoirs publics, est déjà un gage de qualité à lui-seul.
Les inconvénients sont ceux que l’on retrouve dans toutes les franchises : le droit d’entrée (compter entre 5 000€ et 10 000€) et les royalties sur le chiffres d’affaires (environ 1% à 2%). Le fait de passer par une centrale d’achat peut aussi rebuter, spécifiquement dans le bio. Le commerçant ne peut ainsi pas trouver ses propres fournisseurs locaux, il ne peut pas se rendre à la ferme et voir véritablement la façon dont les produits sont élaborés. De plus, bio ne veut pas forcément dire raisonné ! Quel est l’intérêt de vendre des produits étiquetés bio qui viennent de l’autre bout du monde ?
Les autres formalités dans l’ouverture d’un magasin bio
Il n’est pas nécessaire d’avoir des diplômes ou une expérience spécifique pour ouvrir un magasin bio. Il faut tout de même connaitre la réglementation en vigueur en matière de produits bio. Certaines organisations comme Synabio ou Synadis peuvent apporter une aide et des conseils au créateur.
Enfin, avant d’ouvrir il faudra être certifié par un organisme agréé et notifier l’activité à l’Agence Bio. C’est cette même agence qui contrôlera le magasin une fois par an après l’envoi d’un formulaire de notification. Elle se chargera de vérifier l’origine des produits et la bonne communication auprès des consommateurs.
Enfin, comme pour tous les magasins alimentaires il faudra respecter les règles d’accessibilité au public et de sécurité en tant qu’ERP (établissement recevant du public) ainsi qu’un certain nombre d’obligations en matière d’affichage des prix et de conservation des produits.