Dernière mise à jour le 9 juillet 2024
Vous en avez assez d’être consultant pour une entreprise de conseil qui vous facture 700-800€ la journée, voire plus, alors que vous touchez beaucoup moins ? Vous ne voyez pas la nécessité de passer par un intermédiaire alors que vous pourriez facturer vos heures travaillées directement au client ? Vous travaillez depuis un certain temps dans le même domaine et vous avez envie de changer de trajectoire professionnelle ? Il est grand temps de réfléchir à passer consultant indépendant. Mais avant de vous lancer tête baissée, voici quelques conseils à lire et à appliquer.
Avant de devenir consultant indépendant…
Parlez-en à votre client
Si vous êtes déjà consultant, mais salarié, la première chose à faire est d’en parler à son client pour savoir si ça l’intéresse. A-t-il besoin de vous sur le long terme ? Est-il satisfait de votre travail ? La relation qu’il entretient avec l’entreprise de conseil qui vous emploie est-elle bonne ? Après tout, il faut aussi qu’il ait à y gagner et qu’il y trouve un intérêt. Peut-être ne veut-il pas démultiplier ses fournisseurs. Avoir une vingtaine de consultants indépendants demande de gérer 20 comptes fournisseurs, alors qu’il est plus facile au niveau administratif de passer par un seul tiers.
Vous devrez aussi négocier avec lui votre taux horaire ou taux journalier. Va-t-il bien vouloir vous payer le même taux horaire qu’il payait avec l’entreprise de conseil ? N’oubliez pas non plus dans votre calcul que vous ne serez payé que les jours où vous travaillerez. Cela signifie que vous ne percevrez rien les jours de week-end, les jours fériés et quand vous prendrez des congés-payés. En tout, cela vous fera donc 253 jours potentiellement travaillés, sans compter les jours de congés payés que vous voudrez prendre.
Toutes les réponses à ces questions vous aideront à analyser l’opportunité de vous lancer en tant que consultant à votre compte. Si les besoins du client sont ponctuels, devenir consultant free-lance n’est peut-être pas une bonne idée.
Tâter le terrain avec votre employeur actuel
Sans lui préciser que vous voulez travailler directement avec le client, vous pouvez lui faire part de vos intentions de quitter l’entreprise de conseil. Cela vous permettra dans un premier temps de savoir s’il pourrait consentir à vous faire signer une rupture conventionnelle. Sans cela, vous devrez démissionner. Ce choix a un impact plutôt important pour la suite du processus et le montant des charges sociales à payer ainsi que de la rémunération à percevoir. En effet, en étant créateur d’entreprise demandeur d’emploi, vous bénéficierez d’aides non négligeables. La première : l’ACRE, une exonération de charges sociales pour la première année d’activité. La seconde : le maintien de vos allocations ou leur versement en deux fois.
Autre élément à prendre en compte avant de devenir consultant à son compte : votre contrat de travail. Contient-il une clause de non-concurrence ? Si c’est le cas, vous devrez discuter avec votre employeur pour savoir s’il est possible d’y renoncer ou, dans le cas contraire, attendre avant de retravailler chez le client. Toutefois, afin d’être valable, cette clause de non-concurrence doit être limitée dans le temps, dans l’espace et une contrepartie financière doit être versée. Si une des clauses n’est pas respectée, le salarié n’est pas tenu de s’y soumettre.
Trouver d’autres clients
Demandez-vous également comment trouver des nouveaux clients ? A ce titre, n’hésitez pas à multiplier les pistes :
- Créez votre réseau, parlez-en autour de vous et misez sur le bouche-à-oreille ;
- Prospectez, auprès de grands groupes, plus habitués à faire appel à des consultants, mais aussi auprès d’ETI et de PME ;
- Trouvez des prescripteurs : votre réseau primaire de contacts constitué par votre carnet d’adresse va vite s’épuiser. Il faut trouver un réseau secondaire de contacts, auprès de prescripteurs institutionnels (pôles de compétitivité, chambre de commerce et d’industrie) et de professionnels (syndicats, fédérations…) ;
- Inscrivez-vous sur des plateformes de mise en relation : malt.com, consultport.com, cremedelacreme.io, upwork.com, mon-consultant-independant.com ;
- Regroupez-vous avec d’autres consultants pour créer un réseau d’expert. Vous pouvez tout-à-fait collaborer avec des consultants proposant des services complémentaires pour offrir aux clients une offre globale, ou avec des consultants dans le même secteur. Ainsi, si votre partenaire est déjà occupé sur une mission et qu’il reçoit une proposition de mission, il pourra vous recommander.
Définir son offre de prestations
Les prestations possibles en tant que consultant indépendant sont riches et variées. Organisation, qualité, management, gestion des ressources humaines, contrôle de gestion, stratégie, développement commercial…tout dépend du domaine dans lequel vous possédez une expertise reconnue. De nos jours, les grands groupes ne sont plus les seuls à faire appel à des consultants. Les ETI, les PME et même le secteur public (collectivités locales, hôpitaux…) sont friands de ce type de prestations.
Se pose toutefois une question centrale : comment se différencier des gros cabinets de conseils ? La réponse est simple : en jouant la carte de la personnalisation et du sûr-mesure. Votre force doit justement être votre taille : vous pouvez proposer ce que les grosses entreprises n’ont pas en vous positionnant sur une niche et en faisant preuve de flexibilité. N’oubliez pas non plus qu’avec vous, la relation est intuiti personae : connaitre les attentes des clients en devient une force.
Reste ensuite à définir l’offre de service, déclinée en différentes prestations, puis à les tester. N’hésitez pas non plus à proposer des formations pour augmenter vos revenus.
Combien peut-on espérer gagner en tant que consultant indépendant ?
Réfléchissez bien à votre grille tarifaire. Elle doit correspondre à votre niveau d’expérience et de qualification. Les tarifs reflètent vos qualifications : ne proposez pas un prix trop faible pour chercher à obtenir vos premiers clients. A l’inverse, ne gonflez pas vos prix au risque de ne pas trouver de clients. Le TJM (taux journalier moyen) dépend également de l’entreprise, de sa taille, de son secteur d’activité, et des moyens financiers dont elle dispose. Pour avoir un ordre d’idée, il faut compter au minimum 600 euros par jour, et jusqu’à plus du double.
Veillez bien ensuite à vous faire payer régulièrement. Les factures doivent ainsi être réalisées tous les mois, de même que les encaissements. Notez toutefois que les entreprises ont tendance à régler leurs fournisseurs avec un délai, qui est d’en général 45 jours fin de mois ou 60 jours date de facture. Pour éviter un trop gros trou pour le premier versement, n’hésitez pas à réaliser une facture d’acompte.
Dernier conseil : attendez d’avoir un minimum d’expérience, au minimum 10-15 ans, et ne vous lancez pas en début de carrière.
- Si vous êtes déjà consultant salarié, parlez-en avec le client mais faites attention à votre contrat de travail : il peut contenir une clause de non-concurrence ;
- Pour trouver de nouveaux clients, multipliez les sources : réseau, prescripteurs, plateforme de mise en relation ;
- Définissez votre offre de prestations et démarquez-vous des gros cabinets de conseils grâce à votre taille et votre flexibilité ;
- Proposez un TJM cohérent vis-à-vis de vos prestations et de vos compétences.
Ce qui va changer quand vous serez consultant en free-lance
Si vous étiez déjà consultant salarié, vous pourriez avoir l’impression que rien ne change dans votre vie quotidienne. Même si le travail est identique, au niveau administratif ça sera différent !
Tout d’abord, vous ne serez plus salarié, ce qui signifie que vous ne cotiserez plus au chômage. Si votre client décide d’arrêter de travailler avec vous, et si vous n’avez pas d’anciens droits qui courent, vous n’aurez plus de revenus.
Autre point qui a son importance, puisque l’employeur est désormais obligé de proposer une mutuelle à ses salariés, vous ne serez plus couvert. Là encore, si vous avez signé une rupture conventionnelle, il sera possible de bénéficier d’une prorogation de votre ancienne mutuelle pendant un an. Sinon, vous devrez en prendre une vous-même. Elle pourra éventuellement être payée par votre nouvelle entreprise. Comme c’est le cas pour toutes les charges, la mutuelle vous permettra de faire baisser votre résultat et donc vôtre montant final d’impôt à payer.
Vous pourrez également faire passer d’autres charges dans votre société : quelques repas d’affaires, des frais de transport, certaines fournitures de bureau ou matériel informatique, un prorata de votre loyer/frais de télécommunication si vous êtes amené à travailler de chez vous.
Enfin, au niveau administratif, votre travail consistera à :
- Réaliser une facture tous les mois et suivre les encaissements ;
- Tenir une comptabilité : enregistrer les produits et les charges ;
- Réaliser les documents comptables annuels obligatoires
- Déclarer et payer la TVA ainsi que d’autres impôts (CFE, impôt sur les bénéfices…) ;
- Tenir une assemblée générale ordinaire tous les ans…
Créer sa structure juridique pour devenir consultant à son compte
Mieux vaut oublier tout de suite le statut d’auto-entrepreneur. Avec un plafond de chiffre d’affaires à 70 000€, il ne convient pas à votre situation.
Deux formes juridiques s’offrent à vous : l’EURL et la SASU. Ce sont deux formes de société unipersonnelles qui permettent de limiter la responsabilité de l’associé unique à ses apports. Pour en savoir plus, consultez cet article sur les différences entre EURL et SASU.
Enfin, vous pourrez songer à passer par une société de portage. Les avantages : vous serez salarié de la structure et vous n’aurez pas toutes les formalités administratives à réaliser en tant qu’indépendant. La société cliente peut aussi y voir un avantage puisqu’elle n’aura plus à gérer chaque relation de façon individuelle avec un consultant s’ils passent tous par la société de conseil.
En revanche, l’inconvénient principal est que vous toucherez moins, puisque la société de portage prendra une commission.
Les aides pour devenir consultant à son compte
C’est ici que le choix de la rupture conventionnelle ou de la démission va prendre tout son sens. Si vous démissionnez, vous n’aurez peu voire pas d’aides alors que si vous avez eu une rupture conventionnelle, vous aurez droit au chômage.
Cela signifie que vous pourrez bénéficier de l’ACCRE, qui consiste en une quasi-exonération de charges sociales lors de la première année d’activité. Vous pourrez aussi percevoir vos indemnités chômage à condition que votre nouvelle rémunération ne dépasse pas 70% de la rémunération sur laquelle vos indemnités sont calculées. Ce sera à vous de bien piloter votre rémunération pour ne pas dépasser ce seuil si vous voulez continuer à en bénéficier. En effet le résultat de l’entreprise et la rémunération que vous prendrez sont deux choses différentes. Rien ne vous interdit de prendre une faible rémunération tous les mois pour vous verser ensuite plus de dividendes à la fin de l’année.